
La mastectomie est une intervention chirurgicale consistant à retirer tout ou partie du tissu mammaire. Elle fait partie de l’arsenal thérapeutique du cancer du sein et peut aussi, plus rarement, être réalisée à visée préventive chez des personnes à très haut risque génétique. Cet article vous guide, étape par étape, depuis la préparation jusqu’aux suites opératoires, en passant par la reconstruction et le soutien psychologique, avec des réponses claires aux questions les plus fréquentes.
La mastectomie : l’une des chirurgies du cancer du sein
La mastectomie s’inscrit dans une stratégie de traitement personnalisée qui peut associer chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, thérapies ciblées et/ou chimiothérapie. Selon la localisation et la taille de la tumeur, l’état ganglionnaire, l’âge, les comorbidités et les préférences de la patiente, l’équipe pluridisciplinaire (oncologue, chirurgien, radiothérapeute, psychologue) recommandera :
- Tumorectomie (chirurgie conservatrice) quand la tumeur est limitée et que des marges saines peuvent être obtenues.
- Mastectomie totale si la conservation n’est pas possible, en cas de lésions étendues, de récidive, de microcalcifications diffuses, ou sur demande éclairée de la patiente.
- Mastectomie prophylactique (préventive) chez certaines personnes porteuses de mutations BRCA1/BRCA2 ou autres anomalies génétiques avérées, après évaluation du risque et accompagnement spécialisé.
Avant l’intervention de la mastectomie : consultation préopératoire
La consultation préopératoire vise à informer, planifier et sécuriser l’acte :
- Bilan d’imagerie (mammographie, échographie, IRM selon les cas) et parfois biopsies complémentaires pour cartographier précisément la lésion.
- Choix du geste : mastectomie avec ou sans préservation de l’aréole et du mamelon, curage axillaire ou technique du ganglion sentinelle pour évaluer l’extension.
- Échange sur la reconstruction (immédiate ou différée) avec présentation des options adaptées à la morphologie, aux traitements adjuvants et au mode de vie.
- Conseils pratiques : arrêt du tabac, gestion des médicaments (anticoagulants, AINS), préparation cutanée, organisation du retour à domicile, arrêt de travail.
- Information et consentement : bénéfices, risques (saignement, infection, sérome, douleurs, troubles de la sensibilité), cicatrices, retentissement corporel.
La mastectomie en pratique – les modalités de l’ablation du sein
L’intervention se déroule sous anesthésie générale. La durée varie (1h30 à 3h ou plus si reconstruction immédiate). Les techniques principales :
- Mastectomie simple/totalisante : retrait du tissu mammaire, souvent avec la peau du sein (sauf mastectomie épargnant la peau).
- Mastectomie épargnant la peau (skin-sparing) : conserve l’enveloppe cutanée pour faciliter la reconstruction.
- Mastectomie épargnant mamelon et aréole (nipple-sparing) : possible si la tumeur est éloignée du complexe aréolo-mamelonnaire.
- Exploration axillaire : biopsie du ganglion sentinelle ou curage, selon les résultats peropératoires et le bilan préopératoire.
Des drains peuvent être posés pour limiter les séromes. La sortie a souvent lieu en 24–72 h selon l’évolution et la prise en charge de la douleur.
Après la mastectomie : La reconstruction du sein – quels choix?
Deux grandes options : reconstruction immédiate (dans le même temps opératoire) ou reconstruction différée (après les traitements adjuvants). Les éléments qui orientent le choix :
- Plan de traitement : une radiothérapie prévue peut influencer la technique et le calendrier.
- Anatomie et souhaits esthétiques : volume, ptose, texture, symétrisation avec l’autre sein.
- Temps de récupération et cicatrices : certaines méthodes nécessitent des temps opératoires plus longs et des cicatrices supplémentaires.
- Contre-indications relatives : tabagisme actif, diabète mal équilibré, troubles de cicatrisation.
Un tatouage 3D du mamelon ou une reconstruction aréolaire secondaire peut compléter le résultat.
Les méthodes de reconstruction du sein après une mastectomie
- Prothèse (implant) seule
- Pose d’un expandeur puis remplacement par un implant définitif, ou implant direct si la peau est suffisante.
- Avantages : intervention plus courte, pas de cicatrice à distance.
- Limites : résultat parfois moins naturel, évolution dans le temps (changement d’implant), risques de coque ou d’intolérance.
- Reconstruction autologue (par lambeau)
- Lambeau DIEP (peau et graisse du bas-ventre avec préservation du muscle) : rendu très naturel, variations pondérales suivies naturellement.
- Lambeau grand dorsal (dos) parfois associé à un petit implant.
- Avantages : texture plus souple, résultat durable.
- Limites : temps opératoire plus long, cicatrices sur la zone donneuse, convalescence prolongée.
- Lipofilling (greffe de graisse)
- Souvent en complément pour améliorer le galbe, la souplesse et corriger des irrégularités.
- Peut nécessiter plusieurs séances.
Le choix est personnalisé et doit équilibrer esthétique, sécurité oncologique et confort de vie.
Les suites opératoires de la mastectomie
- Douleur et gêne : prises en charge par antalgiques multimodaux. Sensations de tiraillement ou d’engourdissement sont fréquentes, une hypoesthésie cutanée peut persister.
- Soins de cicatrice : pansements, hygiène, protection solaire, massages à partir de la cicatrisation complète.
- Drain(s) : retrait lorsque le débit est faible ; surveillance des séromes.
- Mobilisation : exercices d’épaule précoces encadrés par un kinésithérapeute pour prévenir les raideurs et le lymphœdème.
- Reprise d’activité : progressive ; port de charges limité au début.
- Suivi oncologique : résultats anatomopathologiques, planification des traitements complémentaires et calendrier de surveillance.
Le soutien psychologique post-mastectomie
La mastectomie touche à l’image corporelle, à la féminité et à la sexualité. Un accompagnement psychologique (psychologue, sexologue, groupes de parole, associations de patientes) aide à traverser les étapes : annonce, chirurgie, reconstruction, retour au travail, vie intime. Les prothèses externes et la lingerie adaptée, ainsi que la dermopigmentation aréolaire, peuvent être proposées pour améliorer le bien-être pendant l’attente d’une reconstruction.
Questions les plus fréquentes sur la mastectomie
Qu’est-ce qu’une double mastectomie ?
La double mastectomie correspond au retrait des deux seins. Elle peut être thérapeutique (atteinte bilatérale) ou préventive chez des personnes à haut risque génétique, après évaluation spécialisée.
Quand conduire après une mastectomie ?
La reprise de la conduite est possible lorsque la douleur est contrôlée, que l’amplitude de l’épaule est suffisante et qu’aucun médicament sédatif n’est pris ; en pratique, comptez généralement 2 à 4 semaines selon le geste réalisé et la latéralité.
Quel traitement après une mastectomie ?
Selon le profil tumoral et les résultats histologiques, des traitements adjuvants peuvent être indiqués : radiothérapie, hormonothérapie (tumeurs hormonosensibles), thérapies ciblées (HER2+) et/ou chimiothérapie. La décision est prise en réunion pluridisciplinaire et personnalisée.
Quel sport après une mastectomie ?
L’activité physique est recommandée. Commencez par la marche et des exercices doux de l’épaule dès validation médicale, puis reprenez progressivement les sports sollicitant le haut du corps après 4–6 semaines, en augmentant l’intensité selon l’avis de votre équipe soignante.
Comment dormir après une mastectomie ?
Privilégiez la position sur le dos ou semi-assise les premières semaines, avec des oreillers pour soutenir le bras du côté opéré. Évitez de dormir du côté opéré tant que persistent douleur et œdème. Un soutien-gorge postopératoire souple peut améliorer le confort nocturne.

